Venise: le casino, les gondoles et les pigeons
Mon arrivée à Venise se veut aussi compliquée que la géographie de la ville. Je m'explique. J'ai réservé mon lit pour mon séjour à Venise à partir de l'Internet. Toutefois, le nom et l'adresse que j'ai notés à partir du Web ne correspondaient pas au nom et à l'adresse réels de la réception de l'hôtel. Puis, ce qu'il faut savoir c'est que l'adresse, Santacroce 421, correspond à un numéro de porte dans un quartier et non à un numéro sur une rue donnée. C'est le genre de détail qui a contribué à allonger ma recherche.
Le résultat est que j'ai cherché pendant des heures un hôtel que j'ai cru inexistant par moments. Le bâtiment de l'adresse nommée ci-haut ne correspondait en rien à un hôtel. Ce n'était pas rassurant. 24 heures plus tôt j'avais laissé mon numéro de carte de crédit pour faire la réservation. Alors au pire, je m'imaginais sans chambre d'hôtel et avec une fraude de quelques milliers d'euros sur ma carte de crédit. Mais le pire ne s'est pas présenté. J'ai simplement transporté mes deux sacs pesant 48 lb sur plusieurs kilomètres pendant trois ou quatre heures.
En m'enregistrant à la réception je tombe sur Deanica, une Californienne en voyage depuis 5 mois. Voyageant les deux en solo, on saisit l'occasion d'aller souper ensemble. On partage ainsi nos expériences de voyage et plus tard en marchant dans la ville nous allons faire un tour au casino.
Un peu inattendu comme activité, mais le coeur nous en dit et nous allons tenter notre chance. Mais attention, n'entre pas là qui veut! Les hommes doivent être vêtus d'un veston. Ai-je besoin de vous dire que cet item vestimentaire manque à mon imposant bagage de 48 lb? Toutefois, il n'y a pas de problème puisque le casino en prête sur demande. Je me présente ainsi vêtu en Crocodile Dundee du monde des affaires, un habillement éclectique.
Ainsi, notre soirée commence et nous débutons au blackjack... et je joue beaucoup... beaucoup trop! Les 50 minutes qui ont suivi ont été un réel désastre! J'ai flambé deux semaines de dépenses en Europe! Je n'aime vraiment pas l'expérience! Le démon du jeu a eu le dessus sur moi. La honte m'envahit.
Toutes sortes de pensées me passent par la tête. Non! Je ne peux pas laisser les choses telles quelles. Je joue autant en espérant revenir à mon point de départ. Et ce n'est guère mieux. Tout se transforme en réel cauchemar. Alors qu'il me reste seulement 50 euros, je les joue à la roulette sur le 17 en désespoir de cause.
L'espoir que j'entretiens dans ce dernier jeu est pathétique. En plus du découragement, le stress me gruge intérieurement et les regards que me lance Deanica ne reflètent que la déception. Enfin, il n'y a plus rien à faire. Le croupier s'élance d'un mouvement pour mettre fin à mon supplice. Je m'avoue déjà vaincu. Pendant 15 secondes, je n'entends que le roulement de la bille sur le bois. Mon coeur s'arrête, mon visage est blême et mes mains tremblent...
Incroyable! Le 17 sort!!! Après une heure et demie de jeu, je suis de retour à mon point de départ. Le soulagement est complet et total. J'ai rarement été aussi soulagé de toute ma vie! Le bonheur est à son comble et Deanica me saute dans les bras. On crie comme des fous.
Après un appel au calme du manager de plancher, je retrouve mes esprits. Ma chance est trop bonne! Je ne peux en rester là. Je retourne m'installer au blackjack! Je poursuis sur ma lancée...
Bon, OK, ça ne s'est pas passé exactement comme ça. J'ai exagéré un peu. Mais, avouez que c'est plus excitant comme ça. Parce que vous dire simplement que j'ai joué pendant une demi-heure au blackjack et que je m'en sors avec une perte de 10 euros, c'est un peu ordinaire. Mais, c'est la réalité de ma soirée.
Donc, comme je disais, après avoir perdu seulement 10 euros, j'ai arrêté là ma carrière de joueur professionnel. Ne vous en faites pas, le plaisir était au rendez-vous. Deanica est une boute-en-train et le divertissement a été présent toute la soirée.
Le lendemain, c'est la visite de la Piazza San Marco, réputée pour être l'une des plus belles places publiques de toute l'Europe. Ce n'est pas peu dire. Certains vont même jusqu'à dire que c'est la plus belle place publique qui soit. Pour l'instant, je me contente de dire que c'est un endroit tout en charmes.
Fait assez surprenant, la présence envahissante des pigeons, puisqu'il y en a des centaines, voire des milliers, est charmante elle aussi. Je tiens à préciser que d'ordinaire, je trouve ces oiseaux parmi les plus insignifiants qui soient. Je sais que certains vont dire que j'ai eu un gros coup sur la tête l'an passé (en référence à mon plongeon raté) et que depuis mon jugement est altéré, mais je maintiens que les pigeons ont leur place à San Marco.
Comme je suis encore avec Deanica, c'est avec elle et deux Italiens que je fais un tour de bateau dans les canaux de la majestueuse Venise. Giova, rencontré la veille à son petit bar tenu à l'extérieur (ressemblant à un kiosque), nous invite à sillonner Venise sur son char marin. La vue est charmante et envoûtante. Deanica et moi sommes heureux d'économiser les 80 euros que nous aurait coûtés une promenade en gondole.
Toutefois, l'économie est brève et amère puisqu'en tendant mon appareil photo pour qu'elle me croque sur un cliché, on échappe l'appareil. Il se brise et il n'y a plus rien à faire. C'est impossible de prendre d'autres photos. L'appareil ne fait que signaler un message d'erreur. Ai-je besoin de vous dire que le charme a été rompu instantanément? Deanica est mal à l'aise et avoue être responsable en grande partie de l'incident. Pour ma part, je suis consterné et embêté. Les accidents arrivent, ça fait partie de la vie et des voyages, mais ils sont toujours mal reçus!
Le restant de la journée est assombri par ce nuage. Sur l'heure du souper on s'entend pour assumer à deux les coûts de réparation ou d'un éventuel remplacement de l'appareil en prévision du pire. Une fois ce point réglé, on repart faire un tour dans le labyrinthe d'eau. Plus tard en soirée, on se fait nos adieux, puisqu'elle quitte vers Milan le lendemain matin et que moi je reste à Venise pour une journée de plus.
Alors que j'étais à Florence, j'ai pris contact avec deux filles à partir du site couchsurfing. C'est dans le but de pouvoir échanger avec quelqu'un de Venise une fois rendu sur place. Dans le premier cas, la jeune femme ne pourra pas me rencontrer puisqu'elle est occupée et que de toute façon elle prend l'avion pour Lisbonne. Toutefois, elle me fait une excellente suggestion, celle d'assister à l'exposition Architecture et société, tenue à l'Arsenale. Dans le deuxième cas, une erreur de lecture de ma correspondante lui fera penser que nous pourrons nous rencontrer la journée de mon départ. C'est un rendez-vous manqué.
Ainsi, ma troisième journée se passe à l'Arsenale pour voir l'exposition mentionnée ci-haut. À ma grande joie, l'exposition est tout à fait extraordinaire. Elle met en contraste 16 grandes villes du monde avec un développement urbain différent et des situations économiques et géographiques différentes. En partant de Tokyo, Mumbai, Mexico, N.Y., L.A. et en passant par des villes plus petites comme Milan et Barcelone, l'exposition me fait forte impression et me fascine. Elle parle des villes comme des centres du changement de la civilisation humaine, qui façonnent et dirigent les grands courants de l'humanité. Et l'impact de celle-ci ira en grandissant, car les villes habiteront en 2050 75% de la population mondiale, comparativement à 50% actuellement. J'ai passé quatre ou cinq heures à cette exposition.
Le soir venu, je retourne faire un tour à la Piazza San Marco avec Adrian et Dearne, un couple d'Australiens. Les Aussies ont un accent fort et particulier, mais ça les rend tellement sympatiques! La marche dans Venise est agréable à toute heure du jour.
Une fois à la Piazza, nous constatons toute la beauté de l'endroit dans une ambiance tamisée par les lumières placées en périphérie, c'est magnifique! L'endroit est d'un romantisme à faire pâlir d'envie Roméo et Juliette. C'est définitif, faire une demande en mariage dans un endroit pareil augmente les chances du demandant de façon exponentielle. L'ambiance est soutenue par des groupes de 5 ou 6 musiciens qui jouent des airs populaires de polka et des classiques comme New York, New York de Sinatra. Je me permets ici de dire que la Piazza San Marco de nuit est l'endroit offrant la plus belle ambiance de tout ce que j'ai vu. Je ne serais pas surpris que cette impression me reste même après plusieurs mois de voyage.
(Venise - 10 au 12 octobre 2006)
3 commentaires:
Veux-tu savoir à quoi je pensais quand j'ai lu tes aventures palpitantes du Casino? Alors voici: "Tu perds rien pour attendre mon espèce d'enfoiré! Tous les coups de pied au cul ne seront pas perdus!". J'ai bien ri en lisant la fin de ton passage au casino. Bien joué mon beau pit.
Tata Aline
Moi, je pensais que je connais un truc pour plumer le casino, qu'un grand homme (à peu près 6'6") m'a montré une fois et que j'aurais pu te partager.
J'ai lu jusqu'au bout avant d'embarquer dans ton histoire de casino. Et deux semaines en Europe, c'est du cash en ta... Mais ça chatouillait, par en-dedans. En tk... félicitations pour votre beau programme!
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