Retour au Québec
Je suis arrivé à Montréal à 9h30 vendredi le 28 juin, après 9 mois et demi de voyage. J'avais un comité d'accueil pour m'attendre: ma mère Diane et son fiancé Albert, ma tante Aline, ma belle-soeur Natalie, mon neveu Nicolas (alors âgé de 6 semaines) et mes amis Yannick, Nathalie et Yan. Ça faisait chaud au coeur de revenir au Québec et d'être si bien accueilli. Ça faisait plus d'un mois que j'envisageais mon retour avec joie.
Mon expérience en Europe et en Asie a été à la hauteur de mes attentes. J'ai vécu une année extraordinaire, probablement la plus belle de toute ma vie, et malgré ça, je n'ai pu réprimer l'envie de revoir ma famille et mes amis. J'ai rencontré beaucoup de personnes avec qui je m'entends très bien, qui sont devenues des amis et avec qui je vais garder contact. Il reste que la famille et les amis de longue date, ça ne se remplace pas.
Mon arrivée à l'aéroport était accompagnée d'un sentiment étrange. Il faut dire qu'ayant terminé mon voyage en Inde et n'ayant pas aimé ce pays plus qu'il faut, je revenais au Québec avec un arrière-goût amer du dernier pays que j'ai visité. Par moments, l'Inde m'a exaspéré. Le bruit, la pauvreté, la saleté et les Indiens in-your-face qui pouvaient me coller à la peau comme des mouches ont eu raison de moi. À l'image de la Chine, l'Inde est un pays à la richesse culturelle phénoménale. Mais, tout comme en Chine, je n'ai pas su apprécier mon expérience pleinement. Ce ne sont pas des pays où je me suis senti exalté, loin de là.
Ceci dit, je ne regrette pas du tout d'être passé dans ces deux pays et d'ailleurs je ne les déconseille pas non plus. Ils étaient pour moi incontournables. Je ne pouvais pas éviter ces deux pays dans mon voyage autour du monde. Je me devais de visiter ces deux cultures titanesques. Maintenant, je sais à quoi ressemblent la Chine et l'Inde.
L'arrière-goût laissé par l'Inde n'était pas le seul facteur à créer ce sentiment étrange qui m'habitait. En fait, à mon retour j'ai été frappé par un choc culturel. Il faut comprendre que j'ai passé plus de six mois en Asie et qu'au cours de ces derniers mois ma perception du monde a changé en s'adaptant à l'environnement qui m'entourait. Si bien, que ma perception de la vie en général et de mon quotidien a été renversée progressivement au cours des derniers mois, sans que je ne m'en aperçoive trop.
À mon retour, c'est le Québec qui m'est apparu différent, parce que l'oeil avec lequel je le regardais s'est adapté à d'autres nuances au cours de la dernière année, à une autre réalité qui est aux antipodes de ce que l'on connaît ici. Tout était pour moi une source d'étonnement: le calme qui règne dans les rues et le manque d'agitation, l'ordre, l'organisation et les règles qui régissent notre société, l'absence de gens dans les rues à certaines heures du jour, la grandeur des espaces... Tout ce qui était normal pour moi avant mon départ est devenu une source d'étonnement.
Même si j'avais les deux pieds à Montréal, je me sentais encore en Asie. Joma était encore en Asie, il n'était pas encore revenu. Pendant les deux semaines qui ont suivi mon retour, je me sentais dans un no man's land. Joma était seul au milieu de nulle part. Peu à peu il a fini par quitter cet entre deux Asie-Québec pour permettre à Jean-Marc de réintégrer le Québec.
Si j'en parle tant, ce n'est pas pour exagérer le phénomène ou pour attirer la sympathie. C'est seulement pour démontrer que j'avais sous-estimé l'impact de mon retour.
Ma joie est grande d'être au Québec et de revoir tout mon monde. C'est d'autant plus une joie d'être ici qu'un nouveau venu dans la famille apporte un nouveau souffle à la vie, un peu comme l'a fait pour moi mon voyage.
Mon neveu Nicolas est venu me toucher au cours des dernières semaines. Il a fait vibrer ma corde familiale par ma fierté d'être oncle tout en me donnant le goût d'être père à mon tour. Si le voyage occupe une place importante dans ma vie, eh bien, la famille a une place tout aussi importante, sinon plus.
Dans quelques semaines, je prends la route de l'Amérique latine pour six mois. Ensuite, je vais m'installer en Australie à la recherche d'une job et d'une femme qui voudra bien d'un petit Nicolas!
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