26 juin 2007

In the desert on a camel with no name!

Après les rats à Deshnok, j'ai poursuivi mon chemin dans le Rajasthan, cet État désertique. La température est chaude et sèche, comme vous pouvez l'imaginer. Alors que je voyage en train, je suis témoin d'une tempête dans le désert. Le vent soulève un épais nuage de sable qui s'étend sur plusieurs kilomètres. Le ciel n'est pas visible.

Mon trajet m'amène à Jodhpur, la ville bleue. Par tradition, les bramanes pouvaient peindre leur maison en bleu, comme signe distinctif. Aujourd'hui, toutes les maisons peuvent être peintes en bleu, peu importe la caste de ses habitants. Les castes tiennent toujours une place importante au sein de la vie hindoue.

Ce qui m'amène à Jodhpur c'est le fort de Mehrangar. Ce fort à l'allure impressionnante semble prêt à relever le défi de quiconque veut l'assiéger. Il a d'ailleurs été mis à l'épreuve à quelques reprises.

À l'instar du fort de Mehrangar qui a été testé, ainsi le sera ma vigilance. J'entends par là qu'un requin indien me guettait pour tenter de m'arracher quelques dollars sous une forme ou une autre.

Je vais prendre une bière en soirée avec un Indien que j'ai rencontré pendant la journée. Alors que la discussion devient amicale, les bières aidant à détendre l'atmosphère, il me dit qu'il veut me faire un cadeau. Il me donne des tablas, des tambours indiens. En échange il me propose de lui envoyer des CD de musique de chez moi. Après m'avoir demandé si je pourrais prendre ces tablas dans mon sac-à-dos, qui sont aussi embarrassants qu'une batterie de cuisine, et que je lui aie répondu par la négative, il me dit: "Il n'y a pas de problème, je peux te les expédier. Mais, je vais seulement te demander une chose, c'est de payer soit pour l'expédition ou pour la boîte de bois que je vais faire fabriquer pour permettre l'expédition".

À ce moment, j'en ai un peu marre d'être sur mes gardes et de me protéger d'éventuels requins. En même temps, je me dis que les gens qui m'approchent pleins de bonté ne peuvent pas tous être des escrocs et que ça vaut le coup de prendre une chance. Question de ne pas devenir parano.

Je lui dis que j'accepte et que je paierai les 1 400 roupies (35$) que coûte l'expédition. On se donne rendez-vous pour le lendemain matin.

Une fois de retour à mon hôtel, je me remets à penser à tout ça. Je lui donne 1 400 roupies et je ne saurai qu'à mon retour au Québec si je pouvais lui faire confiance. Mon épisode dans la maison de thé en Chine, où on m'avait escroqué pour 300$, m'est toujours resté en tête. Je décide que malgré mon désir de faire confiance aux gens, je ne veux pas laisser la chance à un escroc de me rouler une fois de plus. Que ce soit pour 300$, 35$ ou 0,25$, ça n'arrivera plus.

Alors que je ne suis pas à 100% sûr des intentions de ce requin potentiel, je m'adresse au gérant de mon hôtel pour lui demander ce qu'il en pense. Il me confirme ce que je pressentais. Il m'a même décrit le requin. Il le connaît et le méprise. Ce type et ses frères ont plusieurs types d'arnaque qu'ils essaient sur les touristes. Je suis une de leurs proies et ils ont plusieurs façons de rouler les gens. Il m'a nommé plusieurs de leurs arnaques. Elles sont bien rodées.

Dans ma chronique sur mon histoire de thé à Pékin, je vous faisais part de ma naïveté qui m'avait rendu aveugle devant l'arnaque. Aujourd'hui, je suis content de constater que cette naïveté a des limites et qu'elle est compensée par mon expérience. Alors, la bonté gratuite en voyage, non merci! Il y a souvent anguille sous roche et il n'y a pas de raison suffisante pour laquelle je devrais croire quelqu'un que je ne connais pas "qui me veut du bien".


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Je suis heureux de laisser le thé et les requins derrière moi pour me rendre à dos de dromadaire dans le désert. Je suis à Jaisalmer quand je décide de partir pour deux jours en safari désertique.

Je suis en compagnie de Vicky (Anglaise), Maria (Anglaise) et d'un Français dont j'ai oublié le nom après les quatre semaines que j'ai prises pour composer cette chronique. Le type est sympatique et ce n'est pas parce que je le trouvais insignifiant que j'ai oublié son nom. Mais pour les besoins de la cause, pour lui donner une âme, appelons-le Fabrice! Je les ai rencontrés à l'intérieur du fort de Jaisalmer et nous ne savions pas que nous serions sur le même safari.

Notre désert n'a pas tout à fait les allures du Sahara. Sauf en un endroit, nous ne voyons pas de dunes de sable. Mais, la végétation peu abondante, le sol sec et la chaleur torride viennent justifier l'utilisation du mot désert pour décrire ce lieu. Les dromadaires que nous montons sont les bêtes toutes désignées pour nous porter en ces terres arides.

Lors de nos pauses, nous en profitons pour boire de l'eau. Toutefois, à l'exception d'une gourde qui nous permet de garder l'eau d'une fraîcheur discutable, le contenu de nos bouteilles augmente en chaleur au fur et à mesure que le soleil monte dans le ciel. Dans bien des cas, l'eau est très chaude. Elle est tellement chaude qu'elle ne rafraîchit pas. Je dois quand même la boire, sinon je risque la désydratation. Lors de ma première journée, j'ai dû en boire cinq ou six litres.

Le soir venu, on s'installe sur des dunes de sable pour y passer la nuit. On mange du poulet que nous avons acheté vivant la journée même et que nos guides nous ont fait cuire pour souper. C'est moi qui ai choisi le poulet. C'est la première fois que je mets un animal à mort, que je choisis de mettre fin à un destin pour nourrir le mien. Vous me trouverez peut-être ridicule, mais ça m'a fait drôle. Habituellement, quand je mange du poulet, je n'ai pas à choisir, il est déjà mort.

On passe la nuit à la belle étoile sur les dunes. Vicky sursaute au moindre mouvement par peur des serpents et des scorpions. Les affirmations de nos guides sur l'absence de ces bestioles dans la région n'y changent rien. Elle dormira en espérant voir un jour nouveau se lever. Bon ok, j'en mets un peu. Elle a peur, mais n'est quand même pas terrorisée.

Le lendemain on se lève à 5h30, en même temps que le soleil, pour éviter de faire route sous la chaleur du zénith. Notre journée commence tôt. La route du retour sera longue et exténuante alors que nous serons sur nos montures pendant presque cinq heures sous la chaleur du soleil levant. J'ai l'impression de participer à un marathon à dos de dromadaire. En tant que Québécois, je ne suis pas fait pour être soumis à autant de chaleur.

De plus, de tous les dromadaires, je suis tombé sur le plus têtu. Il s'arrête en chemin pour bouffer des branches d'arbre ou des feuilles, il ne suit pas mes directives et me fait subir sa mauvaise humeur. Quoiqu'avec toute cette chaleur, c'est peut être moi qui suis de mauvaise humeur. Il ne se gêne pas pour passer le plus près possible des arbres et de leurs branches, de sorte que je me heurte à celles-ci. Quel imbécile! Laissez-moi vous dire que je n'ai pas beaucoup de sympathie pour mon dromadaire et c'est avec joie que j'en descends en lui annonçant qu'entre lui et moi c'est fini.

Quelques heures après le safari, je suis de retour à mon hôtel où je profite d'une douche avant de prendre le train pour Delhi, ma dernière destination avant de retourner à Montréal.

À Delhi, je ne fais rien de spécial pendant trois jours, sinon relaxer le plus possible. Je prends une journée pour faire l'aller-retour à Agra et visiter le Taj Mahal.

Un dromadaire en pleine rue à Bikaner

Une tempête de sable dans le désert

Jodhpur la ville bleue

Les maisons de Jodhpur

Le fort de Mehrangar

Le fort de Mehrangar et Jodhpur

Mon dromadaire

Vicky et Maria

Fabrice

Les dunes de sable

18 juin 2007

I think I saw a rat!

À force de visiter l'Inde, il y a une chose qui revient: c'est une terre riche en possibilités. J'entends par possibilités tout ce qui peut frapper l'imagination. Ce que je veux dire, c'est que si vous imaginez un truc bizarre qui se pourrait, c'est probablement en Inde que ça se réaliserait. C'est un pays à l'allure chaotique. La porte est grande ouverte pour les plans bric-à-brac.

En contraste, l'hindouïsme est une religion riche en possibilité, elle enveloppe un panthéon imposant de dieux. On les compte par millions! Rien de moins. Il y a même des dieux vivants en terre indienne: Saï Baba, un gars avec un afro plus imposant que celui de Jimi Hendrix et Amma, la mère aimante de tous les Indiens qui aurait embrassé un cobra parmi ses hauts faits. Fear-factor n'a qu'à se prosterner devant ces deux piliers hindous! Vous ne serez pas étonné d'apprendre que Saï Baba et Amma ont des millions de dévots dans un pays qui compte plus d'un milliard de têtes.

Vous ayant cité l'Inde comme une terre de possibilités et la richesse de sa principale religion, il y a pourtant une chose que je n'avais pas vu venir. Dans l'État du Rajasthan, il y a un temple dédié aux rats. Mon incrédulité et ma curiosité l'ont emporté sur ma répugnance et je suis passé dire bonjour à la meute de rongeurs!

Le temple est situé dans la petite ville de Deshnok, en plein milieu du désert, où il n'y a pas grand-chose à voir. C'est non sans appréhension que j'ai laissé mes sandales à l'entrée. Les temples se visitent nu-pieds!

Des rats, il y en a partout. Ils sont par dizaines regroupés dans des coins à dormir ou à manger. Ils ne sont pas attrayants et ressemblent aux rongeurs porteurs de maladie que je me suis souvent imaginés. Mais, malgré ma peur avant d'entrer, ils sont plutôt inoffensifs. Accablés par la chaleur, ils se reposent à l'ombre et prennent un bain pour se rafraîchir. Ils n'ont pas l'allure de bestioles maléfiques. Bien au contraire, ils sont sacrés. Ils sont les âmes de conteurs indiens.

Il y en a un qui est venu me saluer en me frôlant l'orteil. Il semblerait que ça porte chance.

Le temple des rats

À la soupe!

L'offrande d'un adorateur

Les rats et l'homme co-habitent

Des tunnels donnent accès aux rats partout dans le temple

Ils se tiennent à l'ombre

Prêts pour le bain

La sieste

13 juin 2007

Dans la gueule de la vache

Ayant de la suite dans les idées, je visite la source du Gange. C'est 6 heures de bus et 5 heures de taxi pour me rendre à Gangotri. Tout au long de la route en montagne, de nombreux panneaux visent la sensibilisation des Indiens sur la route: License to drive, not fly ; Life is a journey, complete it ; Better be late than latter ; Speed with safety.

Je me rends à Gangotri en compagnie d'Ela, Shahir et Uval (trois Israéliens). Notre objectif est le glacier de Gomuk, mieux connu sous le nom de la gueule de la vache... de laquelle s'écoulent les eaux du Gange.

La température est clémente (entre 5 et 25 degrés) selon l'altitude et le temps de la journée. Il faut deux jours de marche pour se rendre au glacier et revenir. Toutefois, je prends une journée de plus pour pousser plus loin l'exploration. Je pars vers le village de Tapovan. Mais, en chemin je fais fausse route et me retrouve loin de mon objectif. Je dois faire demi-tour.

La marche vers le glacier et la gueule de la vache m'amène à 3800 mètres. En poursuivant mon exploration, j'ai dû monter jusqu'à 4400 ou 4600 mètres. Les paysages sont splendides et les touristes étrangers sont rares. Un bien beau trek.

La troupe

Les pics sont enneigés

La gueule de la vache

Une vue de la vallée

Un paysage vierge

Le glacier s'étend sur 50 Km

Oh my Shiva!

Varanasi est l'une des villes sacro-saintes de l'Inde. Elle est située sur la rive du Gange. Ce dernier, c'est le fleuve sacré du pays. C'est la promesse du nirvana pour tout défunt ayant ses cendres répandues en ses eaux. Dans la tradition hindouiste, le Gange est si puissant qu'il brise le cycle des réincarnations. C'est le ticket pour le paradis.

En attendant le paradis, la vie suit son cours à Varanasi. Les vaches se mêlent au flux des gens et s'installent partout où elles peuvent. Elles ont tous les privilèges. Elles mangent, boivent et dorment partout. Elles ont la bénédiction de Shiva, le dieu de la destruction. Il ne faut pas se méprendre, Shiva est un bon gars. Ce n'est pas un démon. Il ne fait que détruire pour laisser la place à la création.

Comme il y a des vaches partout, il y a aussi de la merde partout. Je ne veux pas dire que l'Inde est un merdier... mais disons que je regarde constamment où je mets les pieds. Toutefois, les Indiens sont des recycleurs hors pair. Ils récupèrent les excréments sacrés pour en faire des galettes (no joke!) qu'ils laissent sécher sur les murs. Ces galettes serviront de combustible pour alimenter des feux.

On m'a prévenu de la chaleur torride de l'Inde au mois de juin. Tous les jours, le mercure dépasse les 40 degrés. Le sommet de la semaine est 43 degrés. Tout à fait écrasant! C'est simple, je bois 4 litres d'eau par jour. Pendant la nuit, lorsque le ventilateur s'arrête pour panne de courant, je me réveille quasi instantanément en suant à grosses gouttes.

L'héritage religieux ainsi que socio-culturel de l'Inde est observable à partir des ghats. Ces derniers sont des lieux de rencontre en bordure du fleuve. Ils sont principalement constitués de marches descendant des rues de la ville jusqu'au fleuve.

Les plus particuliers de ces ghats sont ceux où les corps des morts sont brûlés. Peu après le décès, les proches de la famille amènent le corps au bord du Gange pour le faire brûler. Le processus dure trois heures. C'est plutôt particulier, pour ne pas dire complètement déboussolant. Car tout se fait sous les regards (respectueux) des passants. Les photos sont interdites!

Finalement, en compagnie d'Esmé (on s'est rejoint à Varanasi), je visite le temple Vishwanath. Par un processus douteux que l'on a encore de la peine à s'expliquer, on entre séparément dans ce temple qui est fermé aux non-hindous. Je dois avouer qu'à chaque pas que je fais en compagnie de la foule d'Indiens, je me demande ce que je fais là. Les contrôles sont nombreux et je me demande à chaque fois comment ça se fait qu'on me laisse passer. En bout de ligne, je me sens tellement pas à ma place, que je me précipite vers la sortie pour laisser la place aux véritables adorateurs. J'espère que je ne me suis pas attiré du mauvais karma avec cette expérience ;-)

Les ghats

Le matin, les gens prennent leur bain dans le Ganges

Les rituels sont nombreux

Bon matin!

La plus petite boutique au monde

Une boutique de saris

Il y a de la place pour tous dans le Ganges

Les plates-formes d'attente de train sont bondées

02 juin 2007

Jean-Marc, Jean-Make, John et Joma

Alors que j'étais à Bangkok pour quelques heures, j'en ai profité pour me faire faire des habits (cheap, cheap for you my friend!). J'ai demandé une livraison à Montréal. Plus tard, mon frère m'a confirmé que les habits pour Jean-Make sont arrivés.

Je n'aurais jamais cru que mon nom était difficile à prononcer. Mais depuis que je voyage, la preuve est faite et refaite, Jean-Marc, ce n'est pas facile. Juste avec les autres voyageurs, je dois souvent me répéter à plusieurs reprises. Et avec les Asiatiques, c'est peine perdue. Les r, ils ne connaissent pas. Alors dans le Sud-Est asiatique, j'ai troqué Jean-Marc pour John.

Plus tard, au Népal, je suis revenu à Jean-Marc dans l'espoir que ce n'était pas une cause perdue. Toujours rien à faire. Alors, j'ai opté pour une version orientale de mon nom: Joma. Ça sonne comme Jean-Marc (avec de l'imagination) et c'est plus cool que John.