28 novembre 2006

Jean-Marc en Europe

De façon à rendre mon trajet plus visuel, voici une carte montrant les villes que j'ai visitées depuis mon départ de Montréal le 10 septembre. Merci à Yannick qui a préparé le tout, sans même que je le lui demande.

JM en Europe

Pour vous aider dans le temps, pensez que j'ai passé deux semaines et demie en France, deux semaines et demie en Italie, trois semaines chez Maxime et Zoé en Suisse (encore merci!), trois jours à Prague, trois jours à Cracovie, deux à Riga et deux à Tallin.

Mon séjour en Russie est amorcé. J'ai passé une semaine dans la très belle (mais pas plus belle que Prague) St-Petersbourg et je suis présentement (28/11) à Moscou depuis deux jours. Je quitte demain en prenant un train mystique, le transsibérien. Ce sera cinq jours de train sans arrêt avant ma première escale: Irkutsk en Sibérie. Après, je serai au pays de Mao et des innombrables Chinois.

Ne soyez pas surpris si ma prochaine chronique prend un certain temps avant d'être complétée, je serai à la recherche d'un clavier avec l'alphabet latin!

(Arrivée à Paris le 11 septembre et départ de St-Petersbourg le 25 novembre 2006)

26 novembre 2006

La route vers l'Est

Avant mon arrivée à St-Petersbourg, je fais plusieurs courts passages dans plusieurs villes. Après Prague en République Tchèque, je visite Cracovie en Pologne, Riga en Lettonie et Tallin en Estonie. Mes séjours sont courts et je dois parcourir de longs trajets, autant en bus qu'en train.

De plus, la grisaille se met de la partie et voilà plusieurs jours que je n'ai pas vu le soleil, comme s'il se cachait de moi. Il faut dire aussi que le temps progresse vers l'hiver et que la clarté se fait de plus en plus courte.

Mon premier arrêt est Cracovie depuis Prague. Cette ville est située dans la Malopolska (la petite Pologne... oui, j'ai eu une pensée pour Trois-Rivières et son quartier qui porte le même nom). Ma visite de la ville reste superficielle, en dehors du détour que je fais par Auschwitz que j'ai raconté plus tôt.

Cracovie

La ville est belle et l'ambiance est bonne. Je dois avouer que je n'ai vu que rapidement la cour intérieure du château Wawel.

L'église à l'intérieur de la fortification du château Wawel

Après la journée passée à Auschwitz, je vais prendre une bière et le souper avec trois Américains (Alaska et Californie) et un Canadien (Toronto). C'est toujours amusant d'entendre le point de vue des Américains sur leur propre pays et leur bouffon national: W leur président. Jeff de l'Alaska est cordial et à moitié démocrate et républicain. Il explique ça en disant qu'il n'aime pas la position américaine en matière de politique internationale et l'impopularité généralisée de nos voisins du Sud à l'étranger, de là son penchant pour les démocrates. Son penchant républicain lui vient de son besoin de posséder une arme à feu (gun freak). Comme quoi il y a un esprit cowboy chez plusieurs Américains. Hiiiihaa!!!

Un souper après notre journée à Auschwitz: Lito, JM, Cal, Jeff et Scott au premier plan

À Riga et Tallin, c'est un peu la même histoire, je ne visite pas beaucoup. Il faut dire que je suis dans une période où j'ai les blues. Rien pour me faire regretter mon voyage ou me faire rebrousser chemin, mais disons que je serais revenu passer une fin de semaine au Québec, question de faire le plein.

Riga by night

Dans le train de Cracovie jusqu'à Varsovie, alors que je pratique le russe (puisque j'apprends cette langue), il fallait voir la tête du Polonais à côté de moi alors que je prononce les premiers mots en russe. M'ayant reconnu pour un étranger de l'Ouest, il est resté très surpris de m'entendre balbutier quelques mots dans cette langue. J'aurais aimé prendre une photo, ça valait 100 piastres!

Ainsi à Riga, je rencontre George, John et Adam, trois Anglais en visite en Lettonie. Je dois dire que tout au long de mon voyage, je parle plus souvent anglais que n'importe quelle autre langue. Et pour ce qui est de l'accent britannique, je dois travailler fort parce que je le trouve plus difficile à comprendre que les accents nord-américains. D'autant plus que le vocabulaire utilisé est parfois différent. Ces différences me font penser aux difficultés que les Français ont parfois à comprendre notre "dialecte". Cheers!

George and John

C'est à Tallin que les blues me quittent! Je me rafraîchis dans la francophonie. Le soir de mon arrivée à l'auberge, je tombe sur Charlène (Française) et Clothilde (Belge). Reconnaissant mon accent québécois, elles m'invitent à me joindre à elles pour aller prendre un verre avec des amis.

Vivement la francophonie!!!

Je fais la rencontre de Caroline, Charlène (une autre), Clémentine, de Sophie-Charlotte, de Catherine et de Walter. Ils sont tous Français ou Belges. Qu'il fait bon de parler ma langue maternelle! D'autant plus que les filles se délectent de mon accent québécois. Elles iront jusqu'à me demander de laisser un message vocal à trois heures du matin pour une amie qui trippe sur l'accent ou d'enregistrer un vidéo pour un chum qui a la nostalgie du Québec depuis qu'il l'a quitté.

Pour ce qui est du bar, il est typiquement estonien. La bière y est servie au litre, rien de moins! Je fais entre autres la connaissance de Tonis, qui est là avec ses amis estoniens. Tonis m'en apprend sur l'Estonie et sa relation avec la Russie. Cette relation est plutôt tendue. Disons que les Estoniens ont encore sur le coeur la "libération" par les Soviètes pendant la Deuxième Grande guerre. En fait, cette libération aurait été un prétexte à l'occupation et plus tard à l'intégration forcée à l'URSS. Sans compter l'apprentissage de la langue russe comme langue seconde dans les écoles. Tonis se sent plus près culturellement des Finlandais ou des Allemands que des Russes.



Il a participé en 1989 à une chaîne humaine de 2 millions de personnes. Cette chaîne partait de Vilnius (Lituanie) et passait par Riga (Lettonie) avant de se rendre à Tallin (Estonie). Elle était longue de 600 Km. Il faut savoir que ces trois pays comptent une population de 7 millions de personnes seulement. La chaîne symbolisait l'union de ces trois nations dans un destin commun face aux différentes occupations vécues. L'idée d'une chaîne humaine aussi longue m'impressionne beaucoup!

JM et les Estoniens, Tonis est immédiatement à ma gauche

(Cracovie - 11 au 13 novembre)(Riga - 15 et 16 novembre)(Tallin - 17 et 18 novembre 2006)

L'enfer c'était Auschwitz

Mon passage à l'Est m'amène en Pologne. Je m'arrête à Cracovie alors que l'on m'a suggéré de visiter cette ville plutôt que la capitale Varsovie. La suggestion m'est aussi faite de passer par la ville d'Oswiecim, mieux connue sous son nom allemand d'Auschwitz.

Le rendez-vous avec la mort

Tout au long de mes récits j'ai souvent parlé des découvertes que j'ai faites tant au niveau culturel, historique ou encore artistique, sans parler des nombreuses personnes que j'ai rencontrées qui ont contribué à l'enrichissement de mon voyage. Le plus souvent ces découvertes s'inscrivent positivement dans le grand livre de l'humanité.

Pour ce qui est d'Auschwitz, son histoire obtient aussi sa place dans le grand livre de l'humanité, mais dans la section des atrocités. Je ne peux imaginer une page plus sombre ou plus noire que celle que les nazis ont écrite en créant les camps de concentration à Auschwitz.

Le génie du mal déployé par les nazis fait preuve d'une cruauté sans borne, d'une intelligence raffinée, d'une hypocrisie et d'un acharnement sans nom dans la terreur. Il est effrayant de penser que toutes ces caractéristiques se retrouvent dans l'être humain, comme quoi nous pouvons être notre pire ennemi. La citation de Plaute prend toute sa dimension ici: l'homme est un loup pour l'homme.

Aucune issue pour un destin fatal

De ce que j'ai retenu, voici le sort partagé par l'ensemble des 1,3 millions de Juifs lâchement assassinés en ces lieux. Premièrement, l'hypocrisie débute alors qu'un secret absolu règnait sur l'existence des camps de concentration. Les Juifs se voyaient offrir par les autorités nazies un billet qu'ils achetaient pour leur déportation. Celle-ci débutait par un voyage de plusieurs jours en train. Les conditions y étaient si atroces que plusieurs passagers mouraient en chemin. La faim, la soif, la faible oxygénation ou encore le manque d'hygiène étaient des vecteurs de maladie dans les wagons du train du désespoir.

Le train du désespoir

A la sortie du train c'était le tri. Dans le calme, un officier déterminait le destin des nouveaux arrivants un par un. La douche pour les femmes, les enfants et les vieillards, ou toutes personnes jugées incapables de travailler physiquement. En réalité, jusque-là on leur promettait un soulagement à leur souffrance pour éviter la panique avant de les diriger vers les chambres à gaz subtilement déguisées en douches communes.

Pour les personnes jugées aptes à fournir un travail physique, c'était le début d'une mort à petit feu. Des journées de travail exténuantes, la malnutrition (pain noir et potages faits de légumes pourris), l'absence d'hygiène (le port des mêmes vêtements pendant plusieurs semaines), la brutalité des geôliers ou les expérimentations médicales de toutes sortes (ai-je besoin de préciser que celles-ci se faisaient sans anesthésie?) venaient à bout des prisonniers en quelques semaines.

La mort à petit feu

Il aurait été heureux de penser que des tentatives d'évasion réussies auraient permis à certaines personnes d'échapper à un destin aussi tragique. De mémoire, il n'en est rien. Personne ne s'est échappé... ou peut-être que si, mais enfin le prix payé par ceux qui restaient derrière était démesuré.

J'espère bien que je n'aurai pas à relater d'autres événements aussi tristes. Comme pour accompagner la morosité de la visite, le soleil n'était pas au rendez-vous, il a fait place aux nuages et à une pluie froide.

Mais, j'imagine que l'absence de soleil ne peut être éternelle, autant pour l'humanité que pour Auschwitz. Quelques mois avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les Soviètes ont mis fin à l'occupation nazie en Pologne, délivrant des prisonniers encore souffrants de leur séjour en enfer. C'était un premier rayon de soleil après 5 ans d'orages.

(Cracovie - 11 au 13 novembre 2006)

12 novembre 2006

Le joyau de l'Est

Après mon faux départ de lundi (06/11), c'est mercredi que je décolle en direction de Prague. Davide m'a fait la recommandation de voler au-dessus des Alpes. J'ai vite compris pourquoi! La vue est époustouflante! Je sais que je l'ai souvent dit, mais: la vue était saisissante et surclasse tout ce que j'ai vu depuis le début de mon périple. Je remets les pendules à l'heure.

Je n'ai malheureusement pas pu prendre de photo. Je vous laisse imaginer le paysage: le Mont-Blanc domine les Alpes, il est deux fois plus haut que les montagnes qui l'entourent. Les cimes sont enneigées et je vois les Alpes s'étendre aussi loin que ma vue porte. Par endroits, des nuages s'accrochent à des sommets. La journée est claire et ce paysage reste ancré dans ma mémoire.

Mon arrivée à Prague marque le début de mon passage à l'Est. Au cours des 10 prochains jours je passerai par Cracovie (Pologne), Riga (Lettonie) et Tallin (Estonie). Et de là, je ferai mon entrée à St-Petersbourg. J'ai très hâte d'être en Russie.

JM sur Prague

L'horloge astronomique

Prague fait honneur à sa réputation. Elle est d'une beauté subjugante! J'ai entendu la comparaison entre Paris et Prague voulant que Prague soit la Paris de l'Est et bien moi je dis que Paris est la Prague de l'Ouest. Au niveau de l'architecture et de l'esthétisme, c'est Prague la championne. C'est elle qui établit le standard.

Prague de nuit

Le pont Charles

Loretta

Je loge à l'hôtel Miss Sophie. Le design est soigné et le prix est abordable. C'est parmi les meilleurs endroits où j'ai eu la chance de séjourner. Les critères de base sont respectés, la propreté est au rendez-vous et le personnel est accueillant.

Je fais la rencontre lors de ma première soirée de Monique (Californienne) et nous discutons longuement de voyage. Je lui explique que mon rêve a grandi en moi, comme un arbre qui s'est développé et qui a pris de fortes racines. Voici les mots de St-Exupéry, tirés de son roman Terre des hommes, ils résument bien mon idée: Si dans cette terre, et non dans une autre, les orangers développent de solides racines et se chargent de fruits, cette terre-là c'est la vérité des orangers. Vous aurez compris que pour moi, le voyage est ma vérité.

C'est aussi au Miss Sophie que je rencontre Beryl (kiwi... de la Nouvelle-Zélande) et Peter (Aussie). Nous bavardons longuement et ils me donnent de nombreux conseils en prévision de la Chine. Ils sont tous les deux fort sympathiques. Nous échangeons nos adresses électroniques avec la promesse de visites futures.

Beryl et JM

Un après-midi, je fais la découverte de deux artistes tchèques: Jan Saudek et Alfons Mucha. Saudek est un photographe impressionnant. Il saisit sur sa pellicule l'intimité humaine et la dévoile dans un contexte personnel. Il n'a pas peur de choquer. Mucha de son côté fait partie du mouvement français de l'art nouveau. Je suis persuadé que vous êtes déjà tombé sur l'une de ses oeuvres sans peut-être savoir que c'était de lui. Il travaille dans un style graphique très soigné. Les oeuvres que j'ai vues de lui m'ont toutefois moins impressionné que celles de Saudek.

C'est la première fois de mon voyage que je fais les premiers pas de mes conversations dans une autre langue que celle du pays. La réaction n'est pas la même, le contact est moins bon. Je me sens mal à l'aise lorsque je m'exprime d'abord en anglais.

Je confirme qu'il n'y a rien de mieux pour arracher un sourire que de quitter un endroit en disant en tchèque Dekuji. Ce mot magique m'a permis d'obtenir deux sourires. Ce que Thank you n'aurait pas obtenu.

Le prisonnier d'une taverne

Un garde fait le guet



(Prague - 8 au 10 novembre 2006)

04 novembre 2006

Une histoire de visas

S'il y a bien une chose qui ne passionne pas dans les voyages et qui fait partie de la préparation, c'est la question des visas. Toute la paperasse demandée, la complexité relative à certaines demandes, les délais d'obtention et les coûts sont autant d'obstacles pouvant ralentir la plus ardente motivation. Ajoutez à cela que je fais ces demandes à l'extérieur de mon pays d'origine et sans permis de séjour pour la Suisse et vous avez un gros mal de tête devant vous.

C'est l'impasse!

Bon, je vous entends déjà me demander pourquoi je n'ai pas géré tout ça avant de partir. Oui, oui, je sais que ça aurait été bien plus facile ainsi. Toutefois, au moment de mon vol pour Paris, mon itinéraire n'était pas aussi arrêté qu'il peut l'être maintenant. Par exemple, j'ai ajouté la Russie comme destination, ainsi que la Chine. Mais, je ne plongerai pas dans de plus profondes explications sur le sujet puisque je suis à court d'arguments et que j'augmenterais mon ridicule dans ma tentative. Ne vous en faites pas, ce n'est pas la première fois que le sujet est abordé!

Bon à part du fait qu'une demande de visa rime avec: paperasse, complexité et découragement, voici comment ça s'est passé...

Le visa indien m'a tout simplement été refusé. Pourquoi? Parce que je n'ai pas de permis de séjour en Suisse, je suis ici à titre de touriste. Point final. Je suis bredouille.

Mais, grand merci au Viet-Nam. Ce pays est le plus simple bureaucratiquement et je l'obtiens pour 70 CHF (francs suisses, où 1 CHF = 1 $CDN) en trois jours ouvrables, quel soulagement. C'est un début!

Ma deuxième cible est la Russie. C'est certainement le visa le plus compliqué à obtenir. Pour les raisons suivantes: il faut être invité officiellement (papier à l'appui) par une personne ou une organisation russe et il faut dire avec précision les dates d'entrée et de sortie du pays, il n'y a pas de jeu possible. Mais comme je rencontre les exigences demandées, le visa me sera accordé pour 140 CHF et une semaine d'attente.

Pour la Chine, la demande n'est pas aussi compliquée que la Russie, mais elle n'est pas aussi facile que le Viet-Nam. Ils sont sans aucun doute les plus efficients, puisque pour 105 CHF j'obtiens le visa une journée plus tard.

Il est à noter que pour le visa russe, je l'ai obtenu à titre exceptionnel. Le gars a mis l'accent sur exceptionnel. Puisque je n'ai pas de permis de séjour en Suisse, je n'étais pas supposé obtenir de visa. Merci à Alla (une collègue de F & P) qui m'a mis en contact avec un de ses amis qui est agent de voyage à Genève et qui en intercédant au consulat en ma faveur m'a donné un grand coup.

Pour le visa chinois, j'ai frôlé le même refus. N'ayant toujours pas de permis de séjour on ne voulait pas me faire de visa. Pendant un instant je croyais tout perdu. Mais, une deuxième agente consulaire s'est penchée sur mon cas et à force de discussion et d'arguments a accepté de répondre à ma demande.

Ai-je besoin de préciser que l'ambiance des consulats et des ambassades est en général plutôt froide. Les gens sont neutres et distants. Ce n'est pas l'endroit pour conter une joke. Ils ne riraient même pas la meilleure. Et partout, les agents consulaires sont séparés du public par une vitre. Si vous ajoutez à cela que plusieurs ambassades et consulats sont entourés de clôtures et de barbelés, vous vous sentez moins bienvenu.

Sinon, mon expérience de la Suisse me laisse heureux du voyage que je vis. J'ajoute même que je fermente le projet de m'expatrier un an ou deux, à l'instar de Maxime et Zoé. Leur vie helvète est réussie et elle propose un enrichissement culturel qui n'est pas possible autrement. Pour ma part, j'envisage l'Australie comme terre d'accueil. La Suisse me plaît bien, mais les gens y sont distants face aux étrangers, voire protectionnistes.

(Morges - 15 octobre au 7 novembre 2006)

Des Québécois, un chalet, des vaches et des ours

Pendant mon séjour, j'ai eu la chance de voir un paquet de musées, de montagnes et des ours. Oui, oui, rien de moins que des ours. Je vous explique plus bas. Mais avant, j'ai été introduit à la filière québécoise en Suisse. Ce regroupement pourrait aussi s'appeler les comptables québécois à la recherche du secret bancaire suisse. Puisque, la plupart des connaissances de Maxime et Zoé sont québécois et comptables. Il faut croire que le monde est petit, même en Suisse. OK, le monde est petit pour un comptable québécois en Suisse.

Marie-Claude, une connaissance, donnait un party à l'occasion de sa fête. J'ai eu la chance d'y rencontrer entre autres Vicky (Québécoise) et Davide (Tessinois, soit un Suisse de la région italienne), un couple d'amis de Zoé et Max en Suisse. C'est avec eux et Emilie qu'une semaine plus tard nous louerons un chalet dans les Alpes valaisanes.

Davide et Vicky

Mais, ma visite de la Suisse a commencé par Lausanne. Maxime a pris congé vendredi (20/10) et le lundi suivant pour me la faire visiter. Nous en profitons pour déjeuner au soleil avant de quitter Morges. La température est très clémente, il fait environ 19°C. Une fois à Lausanne nous voyons l'esplanade Montbenon, un magnifique parc rehaussé d'une vue imprenable sur le lac et les Alpes.

L'esplanade Montbenon

Plus tard, nous faisons un tour à la FNAC. C'est un magasin où l'on peut trouver de tout en ce qui concerne le divertissement: télés, jeux vidéos, musique, livres et BD. Bref, nous avons de quoi flâner pour une heure ou deux.

Nous rencontrons à travers les rues piétonnes lausannoises un amuseur public fort distrayant. Il joue de la guitare, chante, fait des ballounes, en plus de faire des jokes. Attention, "For a smile, I do a balloon. But, I never go under that price, so you must smile!"

JM et l'amuseur public

Le lundi suivant, c'est le musée olympique qui nous attend. Ce qui retient plus particulièrement mon attention, c'est l'exposition Ange ou Démon?. Cette exposition regroupe du côté angélique les gestes les plus sportifs et fair-play de l'histoire olympique. De son côté démoniaque, on retrouve les gestes de tricheurs et d'athlètes disgracieux. Une façon d'immortaliser les champions et les losers de l'esprit sportif. Je vous laisse deviner de quel côté est présenté Ben Johnson!

La visite de Genève est tout aussi intéressante. À caractère international, Genève regroupe le Palais des Nations et le siège social du Comité International de la Croix-Rouge. La neutralité de la Suisse compte pour beaucoup dans l'établissement de locaux d'institutions internationales comme ceux de l'ONU. Pour sa part, la Croix-Rouge est née en Suisse.

Le jet d'eau à Genève

Au musée de la Croix-Rouge, il est possible de voir l'évolution de cette ONG, née en 1863. Elle suscite l'intérêt par son altruisme et sa forte vocation. Pour symboliser l'action de la Croix-Rouge et de tous les gestes humanitaires, une statue a été créée. Ce geste symbolise le geste humanitaire sans cesse brisé et toujours à recommencer.

Un geste humanitaire brisé à recommencer

J'ai aussi vu une exposition sur le Cambodge décrivant les génocides de 1975 à 1979. C'est loin d'être joyeux. Je vais même jusqu'à dire que ça m'a nettement déprimé. Ce n'est jamais rassurant de voir l'humain transformer une idée politique en abattoir pour ses semblables. Pol Pot mérite sa place au palmarès des plus grands losers de l'histoire.

Sur une note plus joyeuse, je me suis promené dans quelques parcs genevois, paisibles et agréables. La nature y est mise en valeur. D'ailleurs, à l'intérieur de l'un de ces parcs, j'ai été amusé par la taille des jeux d'échecs que j'ai pu voir. Ils sont beaucoup plus grands que les jeux avec lesquels j'ai joué. Pour opérer, les joueurs doivent littéralement envahir le plateau! On m'a dit que ces jeux étaient présents un peu partout en Europe. Il y avait aussi des parties de dames qui se jouaient.

Partie d'échecs

Note: J'ai bien aimé relire Astérix chez les Helvètes. Les plus grands clichés des Suisses y sont caricaturés à leur juste mesure.

Maintenant, place aux ours! Ils sont l'emblème de Berne, la capitale helvète. Étant située en Suisse alémanique, Berne est bilingue. Elle est définitivement charmante et propose à ses visiteurs de voir des ours dans une fosse. Certaines personnes ont des aquariums, les habitants de Berne ont leur fosse aux ours. Il reste à déterminer si cette fosse a de quoi à voir avec Albert Einstein et sa théorie de la relativité. Puisque c'est à Berne que le génie de la physique a développé sa théorie.

Les ours-symbole de Bern

Un ours, un vrai!



Toutefois, mon expérience la plus typiquement helvète reste le week-end passé dans un chalet en montagne. Rien de mieux pour apprécier la beauté des paysages de la Suisse. Nous étions 6 dans un chalet immense statiquement gardé dans les années 70 par son décor kitch. Ainsi, Zoé, Vicky, Emilie, Maxime, Davide et moi partageons cet endroit d'un luxe bizarre. Des statues de bufles en marbre valant 150 000$, une rose des sables et une défense de mammouth sont les principaux objets parmi plusieurs qui retiennent mon attention. Le chalet a été le lieu de tournage du film Bienvenue en Suisse (2004).

Notre chalet

Le chalet est à flanc de montagne et offre une vue magnifique sur les Alpes. J'ai eu l'occasion de faire un tour de vélo en compagnie de Davide. Nous avons gravi la montagne pendant 45 minutes en première vitesse à la sueur de notre front et nous n'avons pris que 5 minutes pour redescendre au chalet.

Une vue magnifique

Pour mon plus grand amusement le chalet est entouré d'enclos à vaches. Le plus drôle c'est qu'elles ont toutes une cloche. Alors, leur promenade se transforme en mélodie. Bon OK, c'est une mélodie monotone, mais c'est une mélodie de vaches! En voici un extrait, cette vache broute sur le terrain de notre chalet...



Et parmi les classiques du tourisme, je ne pouvais passer à côté du train du chocolat. Cette tournée partait de Montreux et allait jusqu'à Broc, en s'arrêtant à Gruyères. J'ai ainsi vu la capitale du fromage dans toute sa splendeur, tout en faisant la visite de sa fromagerie. Il y a beaucoup à voir dans le centre de cette petite ville. À part la fromagerie, il y a un château, un très petit centre-ville tout en charmes avec beaucoup de restos et un musée sur les oeuvres de HR Giger. Ce dernier fait définitivement contraste avec la beauté esthétique de la ville. Giger est l'artiste ayant donné forme aux créatures du film Alien. Le reste de son oeuvre est dans la même suite d'idées.

Gruyères

La visite de la chocolaterie de Broc est inspirante et m'ouvre l'appétit. Je me laisse tenter par de nombreuses bouchées au chocolat et j'en avale à satiété. La dégustation est plus intéressante que la visite. Je reprends le train en direction de Montreux. Le chemin du retour n'est pas ennuyeux, puisque les paysages sont tout simplement époustouflants. À vous de juger...

La lune veille sur les montagnes

Avant mon départ, je fais la rencontre de Geneviève et Alex, deux Québécois installés à Morges dans le même édifice que Maxime et Zoé. Nous passons la soirée ensemble dans l'appartement de Nicolas, le frère jumeau d'Alex et nous bavardons de voyage. Alex a passé les six dernières années à travailler sur le terrain pour la Croix-Rouge. Son expérience de travail est tout à fait fascinante. Il a passé entre autres un an au Congo, 18 mois au Myanmar (avec Geneviève) et quelque temps au Liban (sous les bombes israéliennes) l'été passé.

JM, Geneviève et Alex

C'est en discutant avec eux et Nicolas que je note de bonnes recommandations concernant l'Afrique et l'absence de backpacking là-bas. Ils me vendent l'idée d'aller au Myanmar. Alex et Geneviève ont un gros coup de coeur pour ce pays. De plus, ils auront la générosité de me donner quelques médicaments et trucs pour enrichir ma trousse de premiers soins.

Cette trousse me sera utile beaucoup plus vite que prévu puisque la nuit suivante, j'ai des maux de ventre, de coeur et j'en passe. Je ne dors presque pas. Je dois même reporter mon départ à deux jours plus tard. Comme quoi la vie en voyage n'est pas toujours rose. Mais, grâce à un sachet d'hydratation je retombe sur mes pattes. Merci à Alex et Geneviève.

(Morges - 15 octobre au 7 novembre 2006)

Du fromage au chocolat: mythes et réalités

La Suisse est un pays très stéréotypé. Et pour cause, sa réputation est faite dans plusieurs domaines. Dans les prochaines lignes, je vais tenter de faire la part des choses en ce qui concerne plusieurs impressions du pays des Helvètes.

Premièrement, les Suisses ont la réputation de faire de l'excellent chocolat. C'est tout à fait vrai! J'ai eu l'occasion d'y goûter ad nauseam lors de la visite d'une chocolaterie et j'ai arrêté quand le coeur a commencé à me lever. Hé que c'est beau la vie quand on s'empiffre de chocolat. Le bonheur est dans la bouche!

Resto à Gruyères

Deuxièmement, le fromage est bon. La popularité du fromage de gruyère est fondée sur sa saveur et non ses trous. Car, pour remettre les choses à leur place, ce n'est pas le gruyère qui a des trous, mais bel et bien l'emmental. Les sceptiques seront confondus, ce sont deux fromages suisses!

Gruyères, capitale du fromage

Pour votre information, j'ai trouvé la fondue au fromage délicieuse. Très riche en produits laitiers, elle a de quoi combler le plus gros des appétits. Elle est le plus souvent composée d'un mélange gruyère et vacherin fribourgeois.

Fondue au fromage

Il n'y a pas que les banques qui font de l'argent en Suisse. Les habitants, en général, sont bien nantis. Ce qui semble avoir un impact direct sur le coût de la vie. Un simple repas dans un restaurant s'élève facilement à 25$. Toutefois, ça ne veut pas dire que tout le monde est riche. Car, ils ont eux aussi des sans-abri. Ici, ils les appellent des SDF (sans domicile fixe).

Il y en a un qui est décédé de mort naturelle sur un banc de parc pendant mon séjour. Les Helvètes ne sont tellement pas habitués à ça qu'ils ont crié au scandale. Les médias en ont parlé pendant deux ou trois jours, comme s'il y avait un péché à expier. J'avais l'impression d'assister à une remise en question nationale. C'est un événement définitivement triste que de mourir dans l'anonymat et la solitude, certes, mais je vais être franc, au Québec, le Journal de Montréal aurait écrit tout au plus quelques lignes dans la chronique des faits divers. Ce genre d'événement se passe aussi à Montréal et à une fréquence sûrement plus élevée, mais ne choque pas l'opinion publique. Les Montréalais sont moins sensibles à cet égard que les Suisses. Il faut croire que la répétition aide à la désensibilisation. La même nouvelle n'est donc pas traitée dans la même mesure dans deux pays différents.

Autre point qui a suscité l'attention des médias: les toilettes publiques sont sales. Cette situation a été jugée scandaleuse par un quotidien gratuit (du style Métro) qui s'est empressé de mettre à la une un titre ravageur du genre: Les WC sont dégueulasses, fermons-les!. Je vous laisse imaginer le drame! Je ne voudrais pas être le ministre de l'hygiène en de pareilles heures.

Pour poursuivre dans la foulée de la Suisse en émoi, nous avons la situation des molosses, ces chiens jugés dangereux qui doivent être mis hors d'état de nuire. En fait, à la suite d'un événement malheureux où un enfant est mort des suites d'une attaque canine, une liste de races a été dressée. Les propriétaires des terreurs à quatre pattes sont ensuite conviés à des tests avec leur animal où celui-ci est évalué par une panoplie d'experts. À la fin du test, des recommandations sont faites dont parfois celle de séparer le maître de son compagnon et de placer celui-ci dans un chenil. Je vous laisse imaginer la réaction des maîtres qui considèrent parfois leur fidèle compagnon comme un enfant...

La Suisse, un modèle?

Tout ceci dans l'idée de démontrer que malgré le haut niveau de vie généralisé des Suisses, il y a quand même des drames. Même si ces événements n'auraient pas suscité la même attention des médias québécois, ils font partie du quotidien des Suisses.

(Morges - 15 octobre au 7 novembre 2006)

Au pays du fromage à trous...

Mon arrivée en Suisse se fait par train en traversant les Alpes. Il n'y a pas meilleur moyen de me séduire en tant que touriste que de me montrer de beaux paysages lors de mon entrée dans un pays. La journée est parfaite, elle est ensoleillée. Les Alpes, quant à elles, sont superbes. Leurs sommets découpent les nues de leurs arêtes grandioses. Je suis sidéré.

Comme c'est souvent le cas devant un paysage qui m'éblouit, j'ai l'impression que c'est le plus beau que j'ai jamais vu. Cette impression revient souvent pendant mon voyage. Comme quoi je m'éverveille toujours et que je suis continuellement rafraîchi par la beauté naturelle qui me saute aux yeux.

Je m'attendais à traverser une frontière et à rencontrer des douaniers, puisque la Suisse ne fait pas partie de l'Union Européenne. Mais non, il n'y a pas d'accueil bureaucratique pour moi. Ce qui ne me déplaît pas. La Suisse ne fait pas partie de l'UE, elle est frileuse quand vient le temps d'être moins protectionniste économiquement et de révéler son secret bancaire aux yeux de tous. Elle a donc préféré rester en dehors de l'Union.

Je me rends à Morges après quatre heures de train depuis Milan en Italie. Je me pointe le bout du nez chez Maxime, qui est à deux minutes de la gare. Ça fait déjà six mois que nous nous sommes vus. Notre joie est manifeste. Maxime est une de mes plus vieilles amitiés, nous nous connaissons depuis dix-huit ans.

Zoé et Maxime m'accueillent chaleureusement dans leur demeure. Nous prenons un apéro pour arroser le tout et nous cassons la croûte avec des amuse-gueule. Je suis bien reçu et je me sens le bienvenu.

JM et Max

Il faut dire qu'après un an et demi, Zoé et Maxime ont intégré, autant que faire se peut, la vie helvète. Il ont tous les deux de très bons emplois. Zoé vient de changer de travail, ce qui lui donne une perspective d'avenir encore meilleure. Ils ont une routine bien implantée, qui est enrichissante culturellement, puisqu'elle se déroule dans un contexte européen. Ils ont un appartement à leur goût, qui répond à leurs besoins.

Zoé et Maxime

JM à Morges

L'appart est très bien. Il est grand et bien illuminé. En plus, il est à cinq minutes à pied du lac Léman. Le lac Léman est aussi représentatif de la Suisse romane (francophone) que peut l'être le fleuve St-Laurent du Québec. Ce lac fait plus de 60 Km de longueur.

La vue de Morges au-dessus du lac est saisissante. Les Alpes s'étendent sur plusieurs kilomètres en couvrant l'horizon. Par temps clair le ciel est suffisamment dégagé pour nous donner un aperçu du majestueux Mont-Blanc et de ses neiges éternelles.

Le soleil illumine les Alpes et le lac Léman

Coucher de soleil sur Morges



Pour sa part, Morges est une banlieue coquette à proximité de la "grande" Lausanne. Attention, quand je dis grande je fais référence au standard démographique helvète, qui n'a rien à voir avec celui de l'Italie ou de la France. Lausanne compte 310 000 âmes (avec l'agglomération). Au pays des Helvètes, la plus grande ville est Zurich, avec 350 000 personnes qui y vivent. En incluant l'agglomération ce nombre augmente à un million. Dans le pays des Helvètes où il n'y a que 7,2 millions d'habitants, Zurich est reine. Toutefois, la capitale est Berne, une ville bilingue. Enfin, aussi bilingue que peut l'être Ottawa, avec l'allemand qui domine largement sur le français.

Comme introduction à la gastronomie helvète, Maxime m'invite au restaurant Le Petit Boeuf. La spécialité à déguster est le tartare de boeuf. A priori, ça consiste en de la viande crue assaisonnée d'épices et d'une sauce relevée. Ça n'a rien à voir avec du steak haché mélangé à du ketchup. Ça fait preuve d'une recherche bien au-dessus de ce que nous mangeons dans notre pâté chinois.

Max à Lausanne

À première vue, la Suisse semble être une utopie bien concrète où les ghettos n'existent pas et où la pauvreté est quasiment nulle. Ajoutez à ça qu'il y a du fromage et du chocolat pour satisfaire les plus gourmands et vous avez de quoi constituer une nation heureuse.

(Morges - 15 octobre au 7 novembre 2006)