16 décembre 2006

A bord du Transsibérien

Lorsque j'embarque à bord du Transsibérien, c'est l'un des plus longs trajets de la planète que j'entreprends. La route séparant Moscou et Pékin fait 9000 Km, rien de moins! C'est près du quart de la circonférence de la planète. Pour être précis, le véritable nom du train suivant cette route est le Transmanchurien. En fait, le Transsibérien se rend à Vladivostok à l'extrême Est de la Russie et ne quitte pas le pays. La distance est à peu près la même pour les deux routes, à quelques centaines de kilomètres près, un détail.

Le transsibérien

Pour traverser une telle distance, ça prend pas moins de 146 heures, c'est 7 jours! Il y a des arrêts ici et là, pour prendre des passagers et en laisser descendre. Toutefois, les arrêts ne durent que quelques minutes. Il y a deux ou trois arrêts par jour de 15 à 25 minutes, mais pas plus. Vous ne vous étonnerez donc pas si à mi-chemin je m'arrête à la ville d'Irkoutsk, question de faire changement pour deux jours.

Si le nom d'Irkutsk ne vous dit rien, j'imagine que vous avez toutefois entendu parler de la Sibérie! Oui, oui Madame, là où il fait frette. Non, pas froid; j'ai dit frette, comme dans: cet hiver il fait frette en... vous connaissez la suite.



D'un point de vue plus technique, je dors et je passe mes journées dans une cabine pour quatre passagers. Chaque cabine est munie de quatre couchettes. Le confort est raisonnable. Pour ce qui est de l'hygiène, vous me le ferez savoir si vous avez déjà vu un train avec une douche. Parce qu'à ce jour je n'ai pas touvé de douche! Voyager c'est ça. On doit s'adapter et changer ses petites habitudes. Je vous ai déjà dit que je ne faisais pas dans le voyage de luxe...

Pour la bouffe, c'est de la cuisine de base, vraiment de base. Des nouilles ébouillantées et un petit sachet de bouillon en poudre. Le goût est correct. Mais après une douzaine, j'ai besoin de changement.

Sur le train, je fais beaucoup de lecture. Premièrement, je termine mon livre en chantier: Robinson Crusoé. J'ai beaucoup de sympathie pour cet homme aux aventures solitaires. N'essayez pas de tracer de parallèles entre le pauvre Robinson et moi, il n'y en a pas! Je fais la lecture aussi de Animal Farm, de George Orwell, particulièrement intéressante à faire en Russie. Pourquoi? Tout simplement parce que George s'est inspiré de l'URSS de Staline et de son règne de tyran pour écrire son oeuvre. Je vous laisse découvrir ce petit bijou. Finalement, j'ai entrepris American Gods de Neil Gaiman, un roman mythologique fort bon qui m'a rendu accro.

De Moscou à Irkoutsk, je fais le chemin en compagnie de Lialia et d'Alik. Un couple de Russes qui a passé quelques jours en vacances sur le bord de la mer Noire. A chacun ses plages! Ils retournent à Irkoutsk, où ils ont domicile.

Lialia et Alik

Les discussions sont plutôt brèves, malgré la volonté. La barrière des langues est difficile à surmonter. Au moins, mon passage en Russie aura eu pour effet de démystifier cette langue intimidante. Elle m'impressionne moins maintenant. Mais, j'ai encore beaucoup de croûtes à manger avant d'être en mesure de m'exprimer convenablement.

Mes voisins sont aimables, ils m'invitent à l'occasion à partager un repas ou une bière avec eux. Avec l'aide de Gordi (du moins son nom sonnait comme ça) nous arrivons à échanger plus facilement. Gordi est un Russe d'âge mûr au visage austère. Il connait l'anglais et il me parle de hockey, des grands comme Makarov et Larionov, ainsi que de l'armée rouge. Il connaît Kovalev qui joue à Montréal.

Gordi et JM

Mon séjour à Irkoutsk se fait chez Elena. Elle me reçoit chez elle dans son petit appartement, où elle vit avec sa mère (Nadiegena) et sa fille (Katya). C'est cool, je suis dans une famille russe. Katya m'apprend à compter jusqu'à dix en russe. Je joue aux mimes avec elle et ses copines. Elle est émerveillée devant mes photos de voyage que je lui montre à partir de mon blog. Elle s'exclame: krassivaïa!

Elena, Katya et les copines

Pour ce qui est de la ville, j'en fais rapidement le tour. Je constate qu'il y a une bonne concentration de Mongols (la Mongolie est à quelques centaines de kilomètres). Etrangement, les voitures ont le volant parfois du côté droit, parfois du côté gauche. C'est mélangeant. Un chauffeur de taxi m'explique que les voitures ayant le volant à droite viennent du Japon. Il y a un grand marché de voitures d'occasion à Irkoutsk.

Sinon, Irkoutsk est ensevelie sous une bonne couche de neige. Rien de timide comme la neige du début de décembre à Montréal. Soyez assurés que les Sibériens auront un Noël blanc.

Le manteau blanc

Irkutsk

De retour sur le train, mon nouveau compagnon de voyage est Sasha (Alexander de son vrai nom, Sasha est le diminutif). Il est Russe, mais de nationalité bouriat. Comme moi qui suis un Canadien de nationalité québécoise. Il a les traits asiatiques. Même les Chinois se laisseront prendre. Ils l'interpelleront en mandarin, mais sans succès. Sasha parle russe. Il arrive à s'exprimer aussi en anglais, mais de façon basique.

Sasha

La route d'Irkoutsk à Pékin est ponctuée de quelques brefs échanges avec un Chinois et d'un passage à la frontière sino-russe de 11 heures. C'est long. Mon contact avec les Chinois est particulier. Ils me regardent passer en me fixant. J'ai l'impression d'être un animal de zoo. Ça me fait rire. Pour la première fois de ma vie je suis la minorité visible. Le train est plein de Chinois. Il y a peu de Russes et encore moins d'Occidentaux. Je rencontre sur la fin du trajet Suzie (Angleterre), Vicky (Suède) et Emma (Nouvelle-Zélande), les seuls autres backpackers du voyage.

La traversée de la Russie de Moscou jusqu'à Pékin me fait traverser cinq fuseaux horaires. L'heure est la même à Irkoutsk qu'à Pékin. Dans la capitale chinoise, j'ai treize heures d'avance sur le Québec.

Une terre aride

Toutefois, la Chine me déstabilise beaucoup. A un point tel que je suis pris d'étourdissements. Je dois m'agripper au mur pour éviter de perdre le pas. Je ne comprends pas ce qui m'arrive jusqu'à ce que je réalise que j'ai la tête à l'envers! C'est ça, être de l'autre côté de la planète!



(Transsibérien - 29 novembre au 2 décembre)(Irkutsk - 3 et 4 décembre)(Transmanchurien - 5 au 7 décembre 2006)

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Ça me fait tout drôle de te savoir si loin, à l'autre bout du monde sous mes pieds. Je vais faire très attention où je vais mettre les pieds dorénavant! En tout cas tu impressionne beaucoup ta grand-mère.

Merci de nous faire voyager avec toi.

Anonyme a dit...

Maintenant que tu en parles, on dirait que c'est nous qui avons la tête à l'envers et que c'est toi qui est à l'endroit! Euh, attends, je pense que je vais être malade...

Anonyme a dit...

Coucou

Anonyme a dit...

Que de belles rencontres en Russie! Quel fêtard tu es! Est-ce un reproche? heu... bien un commentaire!
Au Québec, on n'est pas sûr d'avoir un Noël blanc, car le peu de neige a disparu sous la pluie. Pis ce n'est pas frette pantoutte.
J'ai pensé à toi le 5 décembre, en me disant que tu débarquais du train, enfin...
Pis si ça sent les pieds chez nous, je penserai à toi et j'espère que tu te laveras bientôt!

viviroriente a dit...

Bonjour, je suis tombée sur ton blog lors de ma recherche d'info sur le train transsibérien. Magnifique expérience que moi aussi je voudrais faire: ) est-ce que tu pourras nous dire combien tu as payé pour ce trajet de Moscou à Pekin, sur le net c'est difficile de trouver des renseignements précis. merci bcp Sabina

Jean-Marc a dit...

Salut Sabina,
Le voyage de Moscou à Irkutsk a coûté 200$CAD et celui de Irkutsk à Périn a coûté 180$CAD.
Jean-Marc